Association Internationale des Libraires Francophones

L’AILF présente aux rencontres de professionnels latino-américains et francophones à Rio de Janeiro

« Entre héritage et mutations », les 23 et 24 mai 2018, deux journées consacrées à un séminaire des librairies francophones d’Amérique latine, organisé par le BIEF et l’AILF, à la Maison de France de Rio de Janeiro.

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Depuis une première rencontre à Buenos Aires en 2011, le réseau des librairies francophones d’Amérique latine a montré sa constance et son dynamisme, et a eu l’occasion de le prouver par cette rencontre.
Etaient présents Monica Freyre et EzequielIzcovich (Las Mil y Una Hojas, Buenos Aires), Silvia Monteil (Livraria Francesa, Sao Paulo), Ana Landim et Breno Aouila (Livraria da Travessa, Rio et Sao Paulo), Isabelle Morizon (La Biblioteca, Santiago), Maryline Noël et Mathilde Massé (Le Comptoir, Santiago), Luis Enrique Suarez (Nueva Libreria Francesa, Bogota), Ramon Mena (Libreria Francesa, San Jose), Luis Fernandez et Andrea Palacios (Euromatex, Lima).

Les idées et projets présentés par les libraires étaient nombreux et très diversifiés. Que ce soit le concept particulier et très étudié d’aménagements évoqué par la Livraria da Travessa, lieux ouverts où s’harmonisent les corps et les idées : cercles de lecture, animations, restaurants, et un merchandising très pensé. Ou, au Chili, les opérations au long cours menées auprès de leurs clientèles par La Biblioteca, autour de l’ouvrage Valparaiso, du photographe chilien Sergio Larrain, ou par Le Comptoir, avec sa formule « Box », abonnement à une sélection ciblée et adaptée de huit livres sur l’année.

Ou encore les rapprochements des librairies Euromatex, Livraria Francesa (Sao Paulo), Nueva Libreria Francesa (Bogota) avec leurs partenaires extérieurs, municipalités, Alliances françaises, Foires ou Biennales du livre, festival de langues…, pour étendre l’action et la présence de leurs librairies. Citons encore la participation de la Libreria Francesa (San Jose) à l’opération « Tour à vélo de la Francophonie », mêlant sport, livres et lecture, musique, gastronomie…

On se doute que tous ces libraires ont intégré l’usage des réseaux sociaux et de la communication via Internet. C’est précisément le point sur lequel les libraires de Las mil y una Hojas ont amené le débat : les mutations apportées au métier de libraire par ces usages, et donc la nécessité de s’y adapter et de former de nouvelles équipes.

Une séquence originale et très intéressante a été présentée par Maryline Noël : « Mieux lire pour mieux conseiller ses clients », ou comment s’y retrouver et faire des choix lorsqu’on est à des milliers de kilomètres des éditeurs. Le rapprochement personnel du libraire avec l’éditeur (le vrai, au-delà du commercial), les échanges avec des confrères, l’accès aux SP numériques,  la participation aux sélections de Pages des libraires, ou à des jurys littéraires : autant de démarches facilitées par les nouvelles technologies, et qui permettent au libraire de rester dans le coup…

Comme à Buenos Aires en 2011, deux séquences ont été consacrées aux contenus, plus précisément à la jeunesse, avec une intervention par skype de Tibo Bérard, des Editions Sarbacane, et aux sciences humaines, par Yannick Dehée, PDG de Nouveau Monde Editions.

Signalons encore qu’une suite devrait être donnée à ces rencontres, notamment par la constitution d’un catalogue des coups de cœur des libraires d’Amérique latine.

Bref, un beau séminaire qui témoigne de la reconnaissance apportée par l’AILF, le BIEF et le CNL au travail remarquable de ces libraires.

 

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Avant ce séminaire, une première journée,  organisée par l’Institut français du Brésil et le BIEF, en collaboration avec l’AILF, représentée par son président, Philippe Goffe, avait été consacrée aux questions portant sur le marché du livre et son organisation. Elle réunissait  professionnels brésiliens et francophones d’Amérique latine et de France,  et était centrée sur le thème de la relation éditeur-libraire.

Trois tables rondes étaient organisées :

- Quels outils de régulation du marché du livre ? Le prix unique en débat, avec  trois expériences de marchés régulés, l’Argentine, la France, la Belgique et un pays, le Brésil en attente presque désespérée d’une telle régulation.

- L’incidence de la vente en ligne sur la relation éditeur-libraire. Comme une suite à la table ronde précédente, des professionnels latino-américains et français ont débattu, notamment en présence d’un représentant d’ Amazon Brasil, présence peu courante dans ce genre de débat et donc à saluer. Avec cependant les mêmes constats : un opérateur se présentant  en défenseurs des consommateurs et… des petits libraires indépendants ;  des éditeurs mitigés, dont certainatteints du syndrome de Stockholm ; et des libraires désemparés.

- Le dialogue éditeur-libraire, fiction ou réalité ? Ou comment deux modèles différents induisent des dialogues différents : un modèle français, où l’abondance de la production déclenche le besoin, entre autres par la sur-diffusion, d’un rapprochement éditeur-libraire ; un modèle brésilien, basé sur la consignation, ce qui modifie l’implication des uns et des autres sur les assortiments, et reposant beaucoup sur la vigilance des libraires.

Une mise en perspective complétée utilement par Pierre Myszkowski, responsable des échanges professionnels au BIEF, qui a pu évoquer trois expériences différentes : l’Allemagne, la Russie, l’Afrique francophone.

Cette journée s’est clôturée par la projection du film de Virginie Linhart, Vincennes, l’université perdue, évocation des suites de Mai 68, dont la mémoire reste vive au Brésil.

 

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