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Retour sur les Ateliers de la librairie francophone à Paris - Juillet 2018

L’été dernier, du 2 au 6 juillet, s’est tenu le traditionnel séminaire de formation des libraires francophones, programmé tous les deux ans par le BIEF et le CNL, et auquel l’AILF a été associée, dans sa programmation et son animation.  Un séminaire qui n’eut cette année rien
de bien traditionnel…

NL18 Atelier



Il s’est constitué sur l’idée qu’un libraire est toujours un témoin de son temps, et que sa formation s’exerce aussi par l’observation et par l’acuité de son regard sur son métier et ses évolutions. Et précisément, beaucoup se dit aujourd’hui des changements à l’œuvre dans le secteur du livre : nouveaux acteurs, nouveaux modes d’accès au livre, vente en ligne, numérique, nouvelles stratégies éditoriales, concentration de l’édition et en même temps explosion de l’autoédition, etc. Où se situe la librairie dans ces réflexions, sachant qu’elle est le lieu final où se cristallisent, en positif ou en négatif, toutes ces tendances ? Et la librairie francophone, présente sur toute la planète, peut-elle rester à l’écart de ces réflexions ?
C’est donc à une démarche prospective sur leur métier qu’ont été conviés douze libraires issus des horizons les plus larges de la francophonie: Shanghai, Taipeh, Singapour, Le Caire, Jérusalem, Abidjan, Kigali, Port au Prince, Antananarivo, Berlin, Buenos Aires, San Jose.
Et c’est un large éventail de rencontres qui leur a été proposé, sous forme d’ateliers, le choix ayant été fait d’adopter une démarche active, collaborative : et donc regards croisés et échanges entre, d’une part ceux qui se veulent porteurs d’innovations (acteurs dans la création, l’édition, la diffusion) ou qui en sont des observateurs avisés (chercheurs, consultants), et d’autre part les libraires garants des fondamentaux de leur métier.

Les ateliers ont donc été construits autour de thématiques « métier », et de thématiques « prospectives ». On se doute que ces dernières étaient liées à l’actualité :
-La création sort des rails : l’auto-édition, l’édition en ligne et les nouvelles démarches éditoriales. Avec Elisabeth Sutton (IDBoox), Samuel petit (Sequencity), Guillaume Vissac (Publie.net). Avec en contrepoint David Meulemans, éditeur aux Forges de Vulcain.
-Nouveaux styles de vie, nouvelles normes de consommation : quelle place pour la librairie indépendante ? Avec Julie Guilleminot (L’Apprimerie), Vincent Chabeau (sociologue, Université Paris Descartes), et Anaïs massola (Librairie Le Rideau rouge, Paris).
-Le numérique et sa place en librairie. Avec Eric marbeau (Madrigall), Juan Pirlot (Youscribe), Guillaume Favier (Culturethèque, Institut Français) et Philippe Goffe (AILF – Librel.be).
-Nouveaux supports, nouvelles diffusions : le livre audio, le livre jeux, le livre en ligne. Avec Cécile Palusinski (La Plume de Paon), Marine Baudouin (Lunii), et Nina Gorman, booktubeuse (ça décoiffe !)
Les thématiques « métier » quant à elles, furent consacrées à un atelier « Art de vivre et vie pratique » avec trois éditeurs (Mango, Flammarion, Albin Michel) ; un atelier « Edition jeunesse » avec Tibo Bérard des Editions Sarbacane ; un atelier consacré aux rapports de la librairie avec le secteur des médiathèques, avec Philippe Colomb (Médiathèque Françoise Sagan) ; et une rencontre sur le thème éternel « Pour une nouvelle relation éditeurs libraires », avec Benoît Vaillant (Pollen), Robert Menand (Hachette Education) et Julien Delorme (« sur-diffuseur »).

Dans tous ces ateliers, c’est bien entendu la place et le rôle du libraire qui étaient l’enjeu des débats. D’où l’intérêt de l’exercice, double selon nous.
Ce qui bouge dans le livre n’est souvent qu’imparfaitement perçu par les libraires, absorbés par un quotidien très dense. Et cela d’autant plus lorsqu’on est de l’autre côté de la planète. Ces rencontres ont donc voulu raccourcir cette distance.
Et par ailleurs, de tout ce qui se fait ou se dit autour du livre aujourd’hui (et se dira demain…), le libraire doit comprendre et retenir ce qui peut alimenter ou enrichir le cœur de son métier. Comment faire se rencontrer ce métier et les mutations en cours, et comment agir pour rappeler à tous le rôle d’acteur essentiel que tient le libraire dans la transmission du savoir et de la culture ?
Ce sont de beaux défis, tant par rapport à soi qu’au niveau collectif. C’est cela qu’avec Pierre Myszkowski, du BIEF, nous avons voulu proposer aux libraires francophones au cours d’un séminaire qui faisait figure de prototype, et parlait moins de formation que d’un travail de découverte et de réflexion : Les Ateliers de la librairie francophone.