Association Internationale des Libraires Francophones

Egypte : Comment importer et vendre des livres français dans des conditions de plus en plus difficiles ?

C’est la question que se posent actuellement les libraires égyptiens. Déjà très fragilisés par la révolution de 2011 et ses suites, ils doivent aujourd’hui affronter une grave crise financière. En janvier 2016, le gouvernement égyptien a imposé des règles drastiques pour essayer de réduire les importations.

 

Depuis cette date, toutes les factures des distributeurs doivent être visées par la chambre de commerce en France. Une opération supplémentaire que la plupart des distributeurs refacturent à des tarifs variables, mais qui ajoute un coût supplémentaire aux frais d’importation déjà élevés.

Depuis plusieurs mois, les banques égyptiennes ne délivrent plus de devises, les importateurs doivent donc s’approvisionner en euros sur un marché noir de plus en plus florissant. Selon le principe de l’offre limitée et de la demande grandissante, le taux des devises ne cesse de s’envoler. Ce qui a pour conséquence d’augmenter le prix des livres en vente dans les librairies. A ce jour, il y a plus de 50% d’écart entre le taux officiel et le taux au marché noir. Une situation intenable qui précède une dévaluation officielle de la livre égyptienne.

Les effets de ces mesures sont immédiats. Les libraires limitent leurs importations au strict nécessaire (essentiellement du scolaire, du prescrit, des commandes spéciales), ils doivent grouper le plus possible leurs commandes à cause de l’obligation de ce tampon chambre de commerce et les prix de vente des livres ont augmenté de plus de 40% en quelques mois, devenant inabordables pour beaucoup ou beaucoup trop de familles. Les grosses échéances des factures de la rentrée scolaire qui tombent en octobre vont coûter très cher aux libraires égyptiennes. Comme nous confiait Zeina Badran, directrice de la librairie Livres de France, « nous aurons perdu beaucoup d’argent sur cette rentrée scolaire avec toutes ces fluctuations ».

A long terme, le risque est de voir l’offre en librairie diminuer, le choix s’amenuiser, les libraires se décourager et les lecteurs préférer d’autres sources d’approvisionnement que les librairies francophones locales.